En coulisse : l'organisation d'une exposition
Les expositions rythment la vie du musée Camille Claudel. Depuis son ouverture, sept expositions ont été présentées, et plusieurs autres sont en préparation. Comment s’organise une exposition au musée, de l’idée initiale à son ouverture au public ? Quelques explications à partir de l’exposition actuellement en préparation et qui ouvrira ses portes le 13 septembre prochain, Au temps de Camille Claudel, être sculptrice à Paris, avec la co-commissaire Pauline Fleury.
Comment naît un projet d'exposition ?
Pauline Fleury : Une exposition commence toujours par un sujet. Celui-ci est défini selon plusieurs critères allant de son lien avec les collections du musée à son intérêt scientifique en passant par son caractère inédit. Le thème de la prochaine exposition répond à ces différents critères : de nombreuses autres artistes femmes de l’époque de Claudel ont fait de la sculpture leur métier, certaines ont côtoyé Camille Claudel, et ce sujet n’avait encore jamais été traité. Au temps de Camille Claudel, être sculptrice à Paris vise à faire (re)connaître ces sculptrices de premier plan, aujourd’hui méconnues.
Pour approfondir un sujet et le traiter de manière aussi complète que possible, un musée peut faire appel à un commissaire scientifique. C’est le cas pour cette exposition, dont le propos général a été conçu en collaboration avec l’historienne de l’art Anne Rivière, spécialiste de Camille Claudel et, plus largement, des sculptrices. Elle a élaboré la sélection des artistes et choisi les œuvres les plus appropriées pour illustrer le sujet choisi. Pour n’en citer que quelques-unes, sont exposées la Française Marguerite Syamour, l’Anglaise Jessie Lipscomb ou encore la Suédoise Agnès de Frumerie. Elles sont présentées à travers des œuvres importantes, par leur sujet, leur format ou encore leur style, afin de battre en brèche l’idée selon laquelle les femmes se seraient cantonnées à des thèmes mineurs et de petits formats. Est ainsi exposée, par exemple, la Sapho endormie de Marguerite Syamour, un très grand nu allongé en marbre prêté par le musée des Beaux-Arts de Cambrai.
Quelles étapes suivre pour concrétiser le projet ?
P.F. : Une fois la sélection d’œuvres réalisée, place aux demandes de prêts. Elles sont adressées aux différentes collections, publiques comme privées. Plus de 80 prêts, venus de France mais aussi de l’étranger (Scandinavie, Grande-Bretagne, Belgique) ont été sollicités pour l’exposition Au temps de Camille Claudel, être sculptrice à Paris. Pour rendre possible ce projet ambitieux, le musée Camille Claudel s’est associé avec le musée des Beaux-Arts de Tours et le musée de Pont-Aven. L’exposition est itinérante : elle est d’abord présentée à Nogent-sur-Seine, puis Tours, et enfin Pont-Aven.
Un rétroplanning précis est établi afin de coordonner toutes les étapes jusqu’à l’inauguration : élaboration du catalogue, conception de la scénographie, rédaction des textes, installation des œuvres…
Le scénographe, l’agence Going Design pour ce projet, joue un rôle clé tout au long de la préparation : il imagine la mise en espace des œuvres, définit un parcours de visite et conçoit une esthétique globale. L’agence a également créé l’identité visuelle de l’exposition : typographie, traitement des textes, couleurs, création du visuel.
Quels sont les autres acteurs impliqués dans la réalisation du projet ?
P.F. : Ils sont très nombreux, tant en interne qu’en externe.
Au sein du musée, les équipes de régie et de technique assurent la bonne gestion logistique et matérielle de l’exposition, du transport des œuvres à leur installation, dans le respect des normes de conservation.
Parmi les domaines incontournables figure la communication. Elle est préparée en amont et diffusée grâce à la collaboration avec une agence de relations presse (Heymann associés) : création du dossier de presse, organisation de visites de presse et partenariat avec des médias et des influenceurs.
Le musée fait également appel à un éditeur pour la réalisation du catalogue. C’est In Fine Éditions qui publie cet ouvrage de près de 300 pages, rassemblant notamment les contributions de spécialistes françaises et internationales.
Dans les dernières phases de préparation, d’autres acteurs entrent en scène pour donner forme au projet imaginé par le scénographe : c’est l’étape du montage. La scénographie – socles, cimaises – est construite par une entreprise d’agencement (GAMA dans le cadre de ce projet), puis installée dans les salles d’exposition. La signalétique est produite par l’Atelier 2UP. Les œuvres sont ensuite transportées depuis leurs lieux de conservation jusqu’au musée par une société spécialisée, ici Sendsio. Enfin, les œuvres sont installées selon les plans du scénographe, sous l’œil attentif des régisseurs et des commissaires de l’exposition.
Et après ?
P.F. : L’ouverture de l’exposition ne marque pas la fin, mais le début d’une nouvelle étape : la vie de l’exposition. Le musée imagine alors une programmation culturelle riche — conférences, ateliers, visites — pour faire vivre les œuvres et prolonger leur propos. Plusieurs partenaires y contribuent : la compagnie Le Hasard n’a rien à se reprocher propose une visite théâtralisée autour de l’exposition ; la compagnie La Poétique des signes, une performance dansée ; l’association Présence compositrices, un concert dédié aux musiciennes de l’époque de Camille Claudel. Une journée d’étude consacrée aux trajectoires de sculptrices non présentes dans l’exposition est également organisée par le collectif de chercheuses F.A.R (Femmes Artistes en Réseaux), qui a par ailleurs réalisé des capsules audios autour de cinq artistes exposées, à écouter face aux œuvres.
Rendez-vous dès le 13 septembre à Nogent-sur-Seine pour découvrir la première étape de l’exposition Au temps de Camille Claudel, être sculptrice à Paris !














